Saintes putes.

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Trop de taf pour épistoler calment ces temps-ci. Mais, puisque mon prochain film C+ parle de filles qui font commerce de leurs corps, j’ai fouillé dans mes disques durs et retrouvé ce projet de lettre ouverte que j’avais pondu l’an dernier, quand le projet de loi sur la pénalisation des clients est passé au parlement. Claire, mon assistante, m’a dissuadé de publier ce texte, arguant, à raison, qu’on avait assez d’emmerdes comme ça. Je vous le publie ici aujourd’hui. Peut-être qu’un(e) ou deux parmi vous trouvera ça intéressant.

Vous ne me connaissez sans doute pas et vous avez bien raison, je ne suis pas une personne qui compte. Ni un people, ni un politique, ni même un chanteur de variétés. Je suis John B. Root, réalisateur de films et de vidéos pornographiques depuis 17 ans. Je fais mon métier avec amour et attention. Je l’aime. Je respecte mes acteurs, actrices, spectateurs et spectatrices. Je paie mes impôts, mes impôts locaux, mes impôts société, l’Urssaf, la taxe d’habitation, je vote, je ne fais pas d’excès de vitesse, je ne manifeste pas, je paie mon loyer, mes emprunts bancaires, mes contraventions. Bon, d’accord, je fume un peu (mais ça rapporte beaucoup â l’état, non?), je bois un peu (idem), mais je vous promets que ne me drogue jamais. Je suis un citoyen ordinaire, élevé dans le catholicisme par des parents profs à l’éducation nationale, respectueux des institutions et propre sur lui. Pas un terroriste. Pas un anarchiste. Un gentil.

Quand j’avais quinze ans, j’habitais en Égypte où mes parents travaillaient et j’ai été dépucelé par une pute dans une voiture garée dans le jardin. C’est un souvenir merveilleux. Ce fut, pour moi, une formidable et rassurante manière de commencer ma vie sexuelle : avec une femme douce, drôle, qui a su me mettre en confiance et qui sentait le Patchouli ! Je souhaite une expérience similaire à tous les puceaux.

Les prostituées, Romain Gary, dans « Gros câlin » les appelait « les saintes putes. » Elles sont, depuis toujours, d’utilité publique.
Dans l’antiquité grecque et romaine, les bordels étaient aussi courants et ordinaires que les cafés chez nous, aujourd’hui.

La prostitution existe depuis que le premier Néanderthal à échangé son os de bison avec un(e) de ses congénères en échange d’une faveur sexuelle, ou d’un service rendu. La prostitution, c’est tout simplement la base de notre société. Le premier échange. Je loue un instant de ton corps, de ton temps, de ton attention, de ton cerveau disponible, contre autre chose dont tu as envie. Argent, amour, boulot, maison, travail. C’est, pour faire simple, la base même de toute civilisation fondée sur le libre échange, comme la nôtre.

On sait parfaitement que les pays qui répriment la prostitution — et la pornographie, et l’homosexualité, ça va souvent ensemble… — sont les pays qui comptent le plus de crimes sexuels. Et les pays les plus fascistes, islamistes, intégristes, terroristes… C’est ça que vous voulez pour la France?

Les prostituées devraient être remboursées par la sécurité sociale. Je suis sérieux en disant ça. Elles apportent à leurs congénères en demande, hommes ou femmes, tendresse, plaisir, dialogue, attention. Douceur. Consolation. Chaleur humaine. Communication. Sensualité.

Quelle différence fondamentale y a t il entre une masseuse et une pute ? Dix centimètres carrés d’organes génitaux ? Quel mal y a t il a faire commerce du plaisir, du bien-être, du bonheur, comme le font les marchands de bonbons, les restaurateurs, les clubs de vacances, les danseuses, les acteurs, actrices et tous les corps de métier de l’audiovisuel, les serveuses de restaurant, les psychanalystes, sophrologues, professeurs de Yoga ? Mens sana en corpore sanem. Le plaisir nous permet de rester intelligents. Relisez vos pré-socratiques.

Une employée de France Telecom donne aussi son corps et son temps à un client (la société qui l’emploie) bien moins doux, respectueux et honnête que les clients de la plupart des escorts que je fréquente, aime et respecte.

Dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il est dit que chaque personne dispose de son propre corps. Vouloir abolir la prostitution, c’est donc aller contre les droits de l’homme, refuser la liberté de la pute et celle du client. Les considérer comme des esclaves qui n’ont pas droit a la parole. Comme des psychopathes qu’il faut soigner, comme des gens qui ont besoin que l’on réfléchisse à leur place, comme des citoyens de troisième zone. Comme des immigrés sans papier qui ne sont que des statistiques mais en aucun cas des êtres humain dotés de libre arbitre. Cela me paraît éminemment dangereux pour toute la société française.

Le projet d’abolition de la prostitution est non seulement absurde et démagogique (La prostitution est aussi ancienne que l’humanité et l’on n’empêche pas la Seine de couler avec un projet de loi) mais il est surtout extrêmement dangereux pour les libertés de chacun et de chacune. On s’en prend aux putes, aujourd’hui. Demain on s’en prendra au porno — cela a déjà été fait, heureusement sans succès jusqu’ici — c’est à dire à la liberté de se faire plaisir tout seul, chez soi, puis on voudra criminaliser les homos, lesbiennes, les libertins…. Et tous les libres penseurs ?
Législateurs, ce n’est pas la société qui dérive, c’est vous.

On a suffisamment d’emmerdes comme ça avec la crise économique. L’Europe qui part en morceaux, les 3AAA, les dictats et la boulimie criminelle de quelques milliers de financiers contre les 99,99% de citoyens travailleurs et victimes… Ne détournez pas l’attention. Vous avez du boulot. Social. Humanitaire. Arrêtez donc de faire des effets faciles et démagogiques avec des causes indéfendables pour créer des nuages de fumée. Faites ce pour quoi on vous a élu(e)s, occupez vous des vrais problèmes, des gens qui souffrent, des hôpitaux, de l’Education nationale, de la sécurité sociale, de l’écologie. Respectez la liberté de vos concitoyens y compris la liberté de se prostituer. Concentrez votre attention ailleurs que sous les ceintures de vos élu(e)s. La liberté sexuelle entre adultes consentants est inscrite dans la loi depuis Napoléon. Respectez la loi.

Ou alors… Allez jusqu’au bout de votre logique. J’avoue, j’ai couché plus d’une fois avec des nanas à qui j’ai donné de l’argent en échange de leur temps, de leur tendresse et de leurs rires. Ma copine, aujourd’hui, est une escorte. Et, dans ma vie professionnelle de pornographe, je paie, deux fois par semaine au minimum, des garçons et des filles pour qu’ils fassent l’amour entre eux et donnent du plaisir à tous ceux, femmes et hommes consentants, qui les regardent sur le web ou sur des tas de chaînes de télés qui achètent mes programmes. C’est le plaisir qui vous fait peur, hein ? Bien, alors assumez. Mettez-moi en prison, je suis client dans ma vie privée et proxénète dans ma vie professionnelle. Elles sont où, les menottes ?

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  1. LucianoBDC dit :

    – John B. Root : « J’avoue, j’ai couché plus d’une fois avec des nanas à qui j’ai donné de l’argent en échange de leur temps, de leur tendresse et de leurs rires. Ma copine, aujourd’hui, est une escorte. Et, dans ma vie professionnelle de pornographe, je paie, deux fois par semaine au minimum, des garçons et des filles pour qu’ils fassent l’amour entre eux et donnent du plaisir à tous ceux, femmes et hommes consentants, qui les regardent sur le web ou sur des tas de chaînes de télés qui achètent mes programmes. C’est le plaisir qui vous fait peur, hein ? Bien, alors assumez. Mettez-moi en prison, je suis client dans ma vie privée et proxénète dans ma vie professionnelle. »

    En sachant que « le plaisir » consommé et ressenti par le biais de la prostitution, ou de l’escorting, est nettement plus « direct » et « charnel », voire plus « humain » et plaisant, pour les clients, et que « prostituée/escort girl » et « actrice porno » sont deux activités – exercées de manière plus ou moins « volontaire » et « professionnelle » – bien différentes.

    Pour les lecteurs et les lectrices de cet article, voici, pour information, ce que les ex-actrices porno « professionnelles » françaises Katsuni et Lou Charmelle ont déclaré dans des interviews parue respectivement sur Rue69 et sur le blog « Sexpress » de L’Express:

    « Ce sont deux métiers différents mais qui appartiennent tous deux à l’industrie du sexe. L’un est axé sur l’image et sa diffusion, l’autre sur une prestation effectuée directement avec le consommateur. Être acteur ou actrice porno, comme son nom l’indique c’est être acteur, jouer, exprimer, montrer, et ce pour les besoins d’un produit pré-déterminé (photos, vidéo). Il y a rapport sexuel (parfois simulé pour les versions « softs ») entre des partenaires de même profession. Leur rapport sexuel sera « dirigé » par un réalisateur en fonction d’un cahier des charges (lieu, pratiques…) de la société vendant ensuite à un public précis. Le/la prostitué(e) ne vend pas son image mais exerce son activité dans un cadre privé. Elle a un rapport avec un « particulier », un individu qui n’exerce pas le même métier, qui peut être anonyme ou « un habitué ». Sa fonction est de satisfaire les besoins sexuels de l’autre, d’aller même parfois au-delà dans le rapport affectif ou humain. Dans les deux cas l’actrice porno et la prostituée sont payées pour effectuer un acte de nature sexuelle mais pour des raisons différentes, et dans un cadre de travail différents. » (Katsuni)

    « Dans le porno, tous les partenaires sont payés, tandis que dans la prostitution, un des partenaires est celui qui paye l’autre. Ça change tout ! Ce n’est pas du tout le même rapport entre partenaires.
    Quand on fait une scène X, on ne baise pas comme on le veut, ni pour faire plaisir au partenaire, mais on fait ce que nous demande un réalisateur. Bien heureusement, on a le droit d’y prendre du plaisir, mais le but premier est de produire des images de qualité ; a contrario de la prostitution où le but est de donner un service sexuel payant à un client. » (Lou Charmelle)

    Et pour les prostituées, les « escort girls » ou les « simples putains », voici le prince libertaire Brassens… http://youtu.be/HwPgs21a8_I

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